Sunday morning? Great! { PV Sakura [Fini]

Réveil matin tout en douceur, l’alarme stridente de l’institut ne fonctionnait pas le dimanche afin de pouvoir laisser une certaine tranquillité aux professeurs résidents. J’appréciais cette délicatesse qui me permettait de dormir un peu plus longtemps. Je n’avais cependant jamais été habituée à la grasse matinée. J’étais donc déjà debout à 7h30, cherchant les habits que j’allais enfiler pour commencer cette journée. J’optais pour la dernière tenue que mon mystérieux donataire m’avait envoyée. Chaque semaine, je recevais une nouvelle tenue, le plus souvent de grands couturiers. Je n’avais aucune idée d’où cela pouvait bien venir. Certainement pas de ma famille. Les rares lettres que je leur avais envoyées m’ayant été retournées, je me doutais bien que jamais ils ne me feraient le moindre cadeau. Personne d’autre ne connaissait ma présence en ces lieux. Je nageais donc en plein brouillard. Je quittais donc ces mauvaises pensées pour revenir vers ma tenue. Elle était magnifique. Un jean prêt du corps comme je les aimais tellement et une tunique sombre agrémentée d’une ceinture. Pour en améliorer l’aspect rétro-chic, je jouais sur le maquillage et les accessoires. Comme à mon habitude, j’avais rendu mes yeux charbonneux. C’était ma façon à moi de porter le deuil de ma vie d’avant. De mon frère, celui que j’aimais tant. Bien sur, il n’était pas mort, mais il était dans le coma. Si par bonheur il se réveillait, papa et maman ne me le dirait même pas. Je les soupçonnais d’avoir dit à tout le monde que j’étais morte dans l’accident. Ce serait bien le style de mère.

Ayant soigné mon apparence, je pouvais donc quitter ma chambre. On se demande souvent pourquoi je fais tellement attention à mon apparence. A vrai dire, c’est une habitude que l’on m’a inculqué dès ma plus tendre enfance. Je devais être parfaite car rien n’était jamais assez bien pour ma mère. Après tout, elle me détestait pour le simple fait d’être née. A l’adolescence, j’avais arrêté d’essayer de lui prouver que je pouvais devenir un modèle de perfection. Si je ne pouvais pas lui faire plaisir afin qu’elle me remarque, le plus simple était de faire en sorte qu’elle est des raisons de me détester. Bien sur, il y avait aussi eu le cas Jake. En repensant à lui, je sentais la gourmette qui ornait mon bras devenir plus lourde. Lui aussi avait en grande partie façonné la personne que j’étais devenue. Bien sur, je n’étais pas la seule à beaucoup compter sur l’apparence. Pour beaucoup, j’étais la fille sur d’elle et superficielle qui passait de garçon en garçon. Cette image qu’ils avaient de moi me suffisait. Ainsi, ils ne cherchaient pas à voir ce qui se cachait sous la surface, quelqu’un de profondément blessé. Kaori était le seul à connaître toute mon histoire, le seul à me connaître parfaitement. Je laissais peu à peu rentrer Andrew dans mon jardin secret. Tranquillement, par petites brides, je ne tenais pas à souffrir à nouveau. Mon cœur était mort en même temps que mes rêves d’enfants.

Au moment où j’ouvris la porte, je savais que je devais jouer le rôle que l’on attendait de moi. Mon visage était devenu celui d’une adolescente espiègle et rieuse prête à croquer la vie à pleine dents. Je croisais Igor dans le couloir et je le saluais de la main. A peine avais-je fait trois pas que je sentis une main me retourner par la taille. Je me retrouvais dans les bras d’Igor, les yeux au niveau de son torse. Il était bien plus grand que moi.

« Ca va ? »

J’avais hoché la tête mais je sentais toujours son regard sur moi. Ce garçon était décidément trop perspicace. Nous étions sortit trois mois ensemble. Ma plus longue relation, nous avions rompus d’un commun accord et étions restés très proche. Il était ma soupape de sécurité. Ma relation avec lui était très différente de celle qui m’unissait à Kao et Andrew. Il connaissait la meilleure façon d’apaiser mes craintes et mon manque d’affection. Il me força à relever la tête avec son index, délicatement.
Je n’avais pas besoin de répondre, il avait compris. Il me garda contre lui quelques minutes. Sa présence était apaisante, je me sentais revigorée. Je lui adressais un sourire sincère et il comprit qu’à présent j’allais mieux. Pour les autres, notre relation était ambiguë, mais pour nous tout était très clair. Ayant tout deux souffert d’un manque d’affection parental, nous nous comprenions, et nous nous aidions mutuellement.

Grace à lui, je me sentais prête à attaquer la journée du bon pied. Il me restait à présent à trouver Kaori et Andrew. Au bout d’une demi-heure de recherche vaine dans tout l’établissement, je renonçais. Il avait en plus fallu que j’évite une rencontre avec Dimitri dans les couloirs. Me balader seule avec ce malade dans les parages était une très mauvaise idée. Je m’étais donc posée sur un banc dans un secteur que Dimitri ne visitait jamais. Je pestais intérieurement contre les deux lâcheurs qui me servaient de meilleurs amis. C’est alors qu’une évidence me frappa. Depuis mon arrivée dans l’institut, hormis ma voisine dans le dortoir des Dreamy, je ne connaissais pas les filles de l’Institut. Les garçons oui, certains un peu trop d’ailleurs, mais les filles semblaient m’éviter. Je n’y avais jamais fait attention auparavant. Je m’allongeais, en travers du banc, réfléchissant à cette illumination lorsque j’entendis des bruits de pas non loin de moi.