Sleep, Angel, sleep {PV Ashley

Journée horrible, affreuse, détestable en tous points. Vous voulez savoir pourquoi ? Je vais vous le dire. Premièrement, Arisa était malade. J’ai du seule m’occuper de toutes les corvées que je lui déléguais d’habitude. Pas que je sois un tyran, elle aime le faire, ça lui fait plaisir alors pourquoi m’en priver ? Je n’ai jamais demandé à être nommée chef de dortoir. Heureusement pour moi, je n’ai pas tout les problèmes que peuvent avoir Kaori ou surtout Andrew. Tiens, parlons en de ce dernier. Il ne m’a plus parlé depuis le cours de Maths de ce matin. Il était en train de me reprocher mes fréquentations. Soit disant, à force de jouer avec le feu, j’allais me bruler et il ne serait pas toujours là pour moi. Bien sur, je me suis énervé, je lui ai dit d’aller se faire voir que je n’avais pas besoin de lui. Dès que j’ai prononcé ses paroles j’ai su que j’allais les regretter. J’ai vu son visage peiné et j’ai voulu m’excuser. Seulement, voila, les excuses n’ont jamais fait partie de mon éducation et je ne savais pas comment les formuler. Au final, je n’ai rien fait et il ne m’a plus approchée de la journée. Je n’aime pas quand il est fâché. C’est… trop bizarre.

Comme lorsque le chat n’est pas là, les souris dansent, j’ai eu le droit à la visite surprise de deux gêneurs. Pour commencer, j’étais assise sur un banc, seule, à l’inter cour lorsque j’ai senti deux mains se poser sur mes épaules par derrière. J’espérais que ce soit Andrew alors j’ai relevé la tête en souriant. J’ai faillis avoir une attaque cardiaque en apercevant le visage dérangeant de Mr Ferguson, Althidor comme il voulait que je l’appelle. Savoir son visage à moins d’un mètre cinquante du mien me fit l’effet d’une douche froide. Il me terrifiait. Je me relevais mais il ne lâcha pas mes épaules pour autant. Il me félicita pour mon dernier devoir d’anglais. Je lui dis qua je n’avais aucun mérite étant à demi-anglaise mais il continua à vanter mes capacités. En toute honnêteté, cela ne me dérange pas quand un beau garçon me lance des fleurs, mais là, cela me mettait juste très mal à l’aise. Il me tint la grappe pendant tout le temps de la pause qui nous était gracieusement offerte par l’administration. Deux heures de cours plus tard, en me dirigeant vers la cafétéria, je me suis fait coincée dans un couloir par Dimitri. Sans l’intervention d’Igor, il aurait eu ce qu’il attendait depuis plusieurs mois… mon nom sur son palmarès de violeur en série. Entre lui et Thithi, je devrais peut-être porter plainte pour agression sexuelle ? Mais à qui, il n’ya personne à qui se plaindre ici. A par peut-être le Docteur Levingston qui écoutera mais ne fera rien. De toute façon, il était hors de question que j’aille à l’infirmerie. La seule chose qui me faisait plus peur qu’Althidor c’était bien cet endroit affreux.

Il était minuit lorsque je repensais à tout cela. J’étais installée confortablement sur mon lit. Je ne pouvais pas dormir. Sans réfléchir plus longtemps, j’attrapai mon peignoir dans ma penderie et je le mettais autour de mes épaules afin d’avoir plus chaud. Après tout, je n’étais qu’en chemise de nuit. Chemise de nuit qui, au passage ressemblait plus à une nuisette. Je sortis sans bruits de ma chambre, évitant le champ des caméras infrarouges. Depuis le temps que j’étais ici et que je côtoyais Kao, j’avais appris à ne plus me faire repérer par cet odieux système. Je descendis donc d’un étage afin de me retrouver au niveau du jardin intérieur. Lorsque je me sentais d’humeur nostalgique et que personne n’étais là pour me soutenir par sa présence, j’allais dans cet endroit. Les gens ne se doutais pas la plupart du temps que leur présence me faisait du bien. Je montrais rarement mes faiblesses. Chez moi, on pouvait en mourir. Pas physiquement bien sur, ce n’étais pas de mon milieu, mais moralement on m’avait souvent porté le coup fatal. Toute à mes pensées moroses, je me suis allongée sur le banc qui trônait au centre du jardin. Je balançais ma main de façon à caresser l’herbe qui tapissait l’endroit. La nuit était tellement paisible, c’était tellement revigorant. A présent, un petit sourire satisfait s’étirait sur mes lèvres. Je ne voulais plus bouger de là. Tant pis si quelqu’un venait me réveiller demain matin. Pourtant, je ne m’endormais pas. Je ne faisais que somnoler, les yeux fermer comme un petit bébé qu’on aurait laissé se reposer dans son berceau après l’avoir bercé. Je ne me doutais alors pas que j’étais observée sinon je ne me serais jamais laissé aller de la sorte. J’avais du sang aristocratique et cela exigeait une certaine tenue même si j’avais été déshéritée.

En avant, en arrière, en avant et encore en arrière. Stoppez tout de suite vos esprits exagérément tordu, ce mouvement de balancier était seulement celui de ma main qui frôlait l’herbe bien entretenue du jardin intérieur de l’institut. J’avais fermé les yeux dans un état de plénitude rare. J’avais presque l’impression d’être rentrée chez moi, de sentir le vent sur mes épaules, d’entendre la voix de Ludmilla notre cuisinière, la seule personne se souciant de moi dans la maison. J’étais bien et j’aurais presque pu m’endormir, là, sur ce banc. Mais soudain, les pensées négatives refirent surfaces. Le jardin coloré disparaissait pour devenir une potion grise de bitume. Je m’approchais comme au ralenti et je voyais le corps inerte de mon frère. Je sentais le sang dévaler mon dos, mes bras. Puis le trou noir et enfin l’hôpital, le coma de mon frère, ma mère me reniant puis m’enfermant pendant des mois dans ma chambre, son regard fiévreux lorsqu’il se posait sur moi, son expression de profond dégoût.

J’ouvris les yeux sur cette image. A présent que ma petite bulle de souvenirs était brisée, je me rendis compte d’une désagréable sensation d’être observée. Je tournais lentement la tête et eu tout juste le temps de retenir un sursaut de frayeur. Je laissais juste échapper un petit bruit de respiration brusquement coupée. Si les 5 derniers mois que j’avais passé ici m’avaient appris quelque chose, c’était bien que tant qu’on ne savait pas à qui on avait à faire, autant éviter les gestes brusques. Je me relevais donc tranquillement tout en regardant distraitement l’inconnu. Après tout, il y en avait de tous les genres dans l’institut. Je resserrais la ceinture de mon peignoir autour de moi. Quelle idée avais-je eu de ne pas m’habiller plus convenablement pour sortir. En même temps, je ne m’attendais pas à avoir de la compagnie. Kaori rirait de m’entendre dire ça, nous savions tout deux que nous apprécions la « compagnie » d’autres personnes. Lui encore plus que moi d’ailleurs. Au moins, je n’avais pas croisé Dimitri. Toute compagnie était meilleures que la sienne surtout vu la tenue que je portais. C’aurait été lui faciliter la tâche et je ne tenais pas particulièrement à finir violée dans mon seul lieu de recueillement.

J’adoptais la même position accroupie que mon nouveau compagnon, à environ un mètre, un mètre cinquante de distance cependant. Pas que j’avais peur qu’il morde, j’avais surtout peur de l’effrayer. Je ne distinguais pas nettement ses traits, mais je savais que c’était un garçon. Je savais également qu’il ne faisait pas partie des élèves dont j’avais la charge, c’était donc un absynthe ou un violent. Dans tout les cas, la nuit, dans un endroit désert et hors champ des caméras, il valait mieux être prudente. Elle l’observa donc, dans sa position accroupie pendant une ou deux minutes avant de tenter d’amorcer le dialogue. La première question qui me vint à l’esprit était tout à fait commune et futile, mais il fallait bien commencer par quelque chose.

« Qui es-tu ? »

J’avais prononcé cette phrase à voix basse, de façon à ce que le veilleur de nuit ne nous repère pas s’il passait dans les parages. Avoir une heure de colle en compagnie d’Hayato serait gênant. Pour le moment c’est moi qui contrôlait le jeu, mieux valait ne pas lui laisser le moyen d’exercer une autorité. Afin d’inciter mon camarade de balade nocturne à répondre, je me présentais moi-même.

« Moi c’est Héléna, Héléna Ravenwood. 1ère année chez les Dreamy. »

J’étais assez sociable et je ne me gênais jamais pour parler aux autres pensionnaires. Après tout, la plupart était des gens sympathique quand on apprenait les gestes à éviter en leur présence. Bien sur, il y en avait certains qu’il valait mieux éviter, mais dans l’ensemble, il suffisait de savoir comment les prendre. C’est l’Homme qui rend les autres mauvais, après tout.