[POISON USER] Aurora L. Lestrange

Aurora a un caractère facile. Naturellement heureuse et joyeuse, elle transmet souvent sa bonne humeur aux autres. Pour elle, le monde est rose bonbon. Elle est d’une naïveté incroyable et semble incapable de déceler toute trace de méchanceté chez les autres. Elle ne cherche absolument pas à se faire respecter par ses élèves. A vrai dire, elle serait même incapable de remarquer tout manque de respect de leur part. Elle semble toujours en décalage par rapport à la situation. Elle vit dans son monde. Pour reprendre une expression utilisée par ses élèves, elle est « à côté de ses pompes ». Rien ne semble pouvoir perturber sa logique strictement personnelle. Pas même le fait que les gens la trouve gentille, mais quand même très étrange. La plupart de ses collègues ont eu du mal avec son jeune âge, mais ils s’y sont rapidement faits. Après tout, la jeune fille est une surdouée, mais avant tout, elle est un prodige dans sa matière, les mathématiques. A vrai dire, son caractère ressemble un peu à la matière qu’elle enseigne : logique mais néanmoins abstraite.

La première chose qui frappe chez Aurora est sa longue chevelure blonde et naturellement bouclée. Blonde certes, mais sous son charmant visage se cache une grande intelligence. Son visage est tout en finesse, de petits yeux tour à tour perçants ou rêveurs, un nez droit et fin, une petite bouche de poupée de porcelaine. Pour tout dire, le terme de poupée de porcelaine lui convient tout à fait. De part son teint bien entendu, mais aussi par les tenues qu’elle adore porter. Certains élèves on parfois du mal à avoir cours avec la réplique humaine des poupées avec lesquelles ont pu jouer leurs petites sœurs. Les robes à frou-frou ou semblant tous droits sortis d’un conte de fée sont ses préférées. Après tout, elle n’a pas vraiment eu d’enfance. Son allure entière évoque l’innocence. On dirait un petit oiseau encore à peine sorti du nid.

Les mathématiques ! Aurora passe tout son temps libre à faire des mathématiques. Lorsqu’elle s’ennuie, elle essaie par exemple de calculer le volume d’air présent dans la pièce ou elle se trouve. Pendant ses vacances, elle développe également de nouvelles théories mathématiques qui se retrouvent souvent publiées dans des revues spécialisées.

Ses élèves pourront en témoigner, Aurora n’a pas une phobie courante. La jeune enseignante a en effet une peur panique des mouches. Lorsqu’elle en voit une, il n’est pas rare qu’elle soit au bord de l’évanouissement ou qu’elle crie à ses élèves : « Ecrasez la, faites la partir ! ». Certains racontent même qu’elle aurait jeter son précieux livre de mathématiques dans l’espoir d’écraser le dit insecte.

La famille d’Aurora… tout d’abord, il y a sa mère, ayant eu sa fille à 18 ans, cette dernière a préféré la confier à ses parents afin qu’ils l’élèvent. Vous comprenez, elle devait terminer ses études et avoir un enfant pouvait être une gêne en cité universitaire. Elle ne trouva le temps de la revoir que 5 ans plus tard. Aurora ne sut jamais qui était son père. Peut être que sa mère elle-même ne le savait pas. En attendant, la petite avait été confiée à ses grands parents, Louis et Marie Lestrange. C’est avec eux qu’elle a tissé une véritable relation. Après tout, ils l’avaient élevé. Ils s’étaient très vite rendu compte qu’elle avait un don, et avait essayé de l’aider à l’exploiter tout en ayant une vie normale. Seulement la mère de l’enfant ne fut pas de cet avis.

Aurora a vu le jour de la même façon que bien des enfants. Son père et sa mère l’aimaient, ils avaient appris la nouvelle de la grossesse de sa mère et en avaient été très heureux. Pour couronner le tout, cette mignonne petite fille était née au mois de février, le 14 pour être précise. Naître le jour des amoureux, quel plus beau cadeau aurait-elle pu faire à ses parents ? Peut-être être un peu moins intelligente.

On commença à détecter son potentiel à l’âge de deux ans, lors de son premier jour d’école. Hélène, sa mère, avait été convoquée par la directrice. En l’espace d’une heure, Aurora était venue à bout de tous les jeux d’éveil dont disposait l’établissement. Jamais la directrice n’avait vu cela. Elle conseilla à la mère d’inscrire Aurora dans une école qui tentait de déceler les surdoués chez les jeunes enfants. Hélène remercia la directrice, mais elle n’en fit rien. Dès ce jour, elle décréta que sa fille allait être quelqu’un d’important et qu’elle mettrait tout en œuvre pour l’aider à le devenir. Etant une famille assez aisée, elle réussit à convaincre son mari d’approuver ses projets.

Le lendemain, elle se mit à la recherche active d’une gouvernante qui veillerait à ce qu’un climat d’étude plante toujours autour de sa fille. Elle embaucha également un professeur particulier. Tous les soirs, Hélène apprenait à sa fille un poème afin de faire travailler sa mémoire. Elle apprit à lire à 4 ans sous l’œil sceptique de son professeur. Bien sur, elle avait des prédispositions dans toutes les matières, mais ce qui l’étonnait surtout, c’était son extraordinaire esprit mathématique. Elle fonctionnait comme une véritable machine à calculer et aucune démonstration mathématique ne l’étonnait. A 7 ans, elle gagna son premier prix national de mathématiques et fut publiée. Elle devint soudain la cible de l’intérêt des plus grands mathématiciens. Ils suivaient ses progrès et correspondaient de manière régulière avec elle.
A 10 ans, elle avait acquis le savoir mathématique d’un professeur universitaire et ne comptait pas s’arrêter là. Les maths l’amusaient, la détendaient et lui permettaient de mieux comprendre le monde. Agée seulement de 11 ans, elle décrocha son Bac avec mention Excellence. Pour fêter cela, elle demanda à sa mère la permission d’aller pour la première fois dans un parc d’attractions. Elle refusa. A vrai dire, Aurora n’avait presque jamais quitté la maison. Elle n’avait toute sa vie fait qu’étudier. Bien sur, elle avait d’extraordinaires facilités en maths, ainsi qu’en physique, mais pour les autres matières, elle avait été obligée de travailler intensivement pour atteindre, et même dépasser, le niveau d’une élève de 17 ans.

A partir de là, le petit couple parfait que formait ses parents vola en éclat. Son père ne supportant plus la pression qui pesait sur les épaules de sa fille décida de quitter son épouse devenue tyran. Il prit sa fille avec lui et entama la procédure de divorce. Il lui fit découvrir les manèges, les parcs et la plage. Tous ces lieux ou elle n’avait jamais mis les pieds. Seulement, lors du procès, le juge accorda la garde d’Aurora à sa mère. Le retour à la rigueur fut difficile. Elle réussit à convaincre sa mère de la laisser étudier à la fac. Autant dire qu’une gamine de 11 ans parmi les étudiants avait de quoi surprendre. Elle s’était inscrite à la fois dans le cursus de Maths Pures et de Maths Appliquées. Bien entendu, elle n’était pas pleinement intégrée dans la vie universitaire. Elle était bien trop jeune pour participer aux soirées et sa mère chez qui elle rentrait chaque soir ne le lui aurait jamais permit. A 11 ans, on n’a pas les mêmes attentes que des étudiants de 18 ans minimum. Ce qu’elle voulait, c’était des amis de son âge, un monde de guimauve et de bonbons.
Elle obtint son double doctorat en seulement 4 ans. Elle avait validé les pôles réclamés pour obtenir ses diplômes. Bien sur, elle ne pouvait pas commencer à travailler à 15 ans. Aussi décida-t-elle d’entamer des études d’informatique, programmation et cryptage. Cela lui permettrait de s’occuper en attendant sa majorité afin d’être plus crédible auprès d’un employeur. Au bout de trois ans ou elle s’était démarquée, là aussi, par sa précocité, elle arrêta brutalement ses études. Elle avait acquis toute la partie purement informatique, le reste n’était qu’une logique mathématique évidente. Les cours ne lui étaient plus d’aucune utilité. Elle avait à présent 18 ans et était libre de l’autorité de sa mère. Aurora avait été repérée par plusieurs groupes de recherches qui lui proposaient de très bons postes. Sans savoir pourquoi, elle refusa ces propositions. Etant une grande rêveuse, elle se disait que lorsque qu’elle recevrait l’offre de sa vie, elle le ressentirait au plus profond d’elle-même.

Un jour, un homme en costume noir vint la voir. Il avait presque l’air d’un mafieux et se présenta comme le représentant d’un Institut privé d’aide pour les jeunes en marge de la société. Aurora fut intéressée par l’idée d’aider tout ces adolescents, de faciliter leur réinsertion de plus, elle avait toujours rêvé d’enseigner. (Elle ne se doutait pas de ce qui se passerait là-bas. A vrai dire, elle ne le sait toujours pas). Elle décida de suivre le représentant et se mis donc à préparer tranquillement sa valise.
Elle arriva à l’Institut Van Wood quelques mois avant son ouverture. Aurora apprit le russe grâce à Vladimir Kroutchev, un de ses futurs collègues. Il était un excellent enseignant. Il avait un instant été déboussolé par son âge, mais s’était vite repris. Il lui permit d’apprendre le russe de manière très accélérée. Pendant le temps que dura sa formation, elle crypta le programme de sécurité de l’Institut, les alarmes ainsi que le programme permettant de contrôler et protéger le réseau informatique. Elle se fit aider par le professeur d’informatique avancé pour cette tâche. Pour elle, programmer était comme un jeu et elle adorait jouer avec les nombres.
L’ouverture de l’Institut eu lieu et Aurora rencontra ses élèves et les autres professeurs. Beaucoup la trouvaient trop naïve et déphasée. C’était peut-être vrai, mais, adorant tout le monde, elle ne se rendait même pas compte des commérages et quolibets que l’on s’échangeait dans son dos.